La mer de la tranquillité

En ouvrant les yeux, l’enfant pourra y reconnaitre, de façon imparfaite, des formes familières de plantes, d’animaux, de personnages….
Grace à une gomme, il cherchera à enlever des traits superflus. Il s’agira alors de dessiner en gommant, dans la matière graphique, pour faire apparaitre, par le blanc vaporeux, les images que son imagination lui a suggérées.

Les recherches picturales de Clémence Mauger se déploient autour des motifs végétaux qu’elle découvre dans son cadre de travail. Sa peinture puise sa source dans une banque d’images collectée lors de ses déambulations quotidiennes. elle se compose principalement de photographies de paysages, souvent nocturnes. La présence des palntes est toujours de l’ordre du surgissement, quasi surnaturel ; la flore jaillit telle une vision hallucinée, souvent augmentée par la nuit et les éclairages urbains.
Elle obtient des textures et des couleurs similaires en travaillant sur une toile apprêtée avec du gesso mélangé à de la poudre de marbre ou sur un mur générant des fonds blancs qui restent très présents dans la composition finale. Elle utilise une peinture très diluée pour obtenir des aplats transparents et beaucoup de coulures. Le processus semble mimer le développement photographique analogique – tirage de négatifs et trempage d’images et ouvre la potentialité pour ses peintures à pouvoir révéler les artifices du paysage.
La végétation luxuriante qui constitue pour l’instant le sujet envahissant de ses tableaux se pose en motif aveuglant comme pour celui qui n’a pas l’œil exercé à la forêt. Clémence Mauger semble pourtant viser une peinture non décorative à la fois vigoureusement concrète, faite de pigments dispersés comme des pollens mais aussi figurative au deuxième degré puisqu’elle travaille depuis un dépassement de la photographie.