Vallées fantômes

Pour ouvrir cette nouvelle saison intitulée Retour au lieu au centre d’art Les Églises, Valentine Gardiennet préfigure un lieu empreint de formes en volumes, d’installations, de dessins et de sons. Cet ensemble hétérogène faisant écho aux habitats familiers et aux espaces collectifs est traversé par les voix de personnages hybrides fabriqués de toutes pièces et inspirés de faits réels. Ces personnages, à la fois déroutants, malicieux, amers ou enivrants, dont les voix sont le fruit d’un processus d’écriture puis de mise en pages et d’enregistrements, nous entraînent entre fantasme, souvenirs et projections. Par cette mise scène, Valentine Gardiennet cherche à remuer ce qui constituent les liens d’une force collective, avec ses failles ; ou bien individuelle si le besoin se fait sentir.

Vallées Fantômes fait état de paysages qui s’entremêlent, où s’agrègent des références culturelles : Poltergeist, les Silly Symphonies, Bip-Bip & Coyote, Mario Kart, Chucky, Twilight, Daniel Balavoine. Ici la plasticienne préfigure un lieu empreint de doutes, de bouffe, de parcours équestre et de galaxies, elle

y opère un retour à la fois désabusé et teinté de désillusions. Avec espièglerie et projections futuristes, elle envisage de donner une place au « beug » qui se glisse dans un cadre donné, comme le piratage d’une chaîne de télévision, ou le gros plan sur une fausse moustache qui tombe du visage du présentateur à midi. Pour autant il n’est pas question de retirer les masques et attributs qui font qu’un personnage est un personnage, mais au contraire d’en ajouter de plus en plus pour fabriquer des formes monstrueuses qui se meuvent ou hibernent dans l’espace, lentes et attachantes. L’exposition ouvre une nouvelle session sur DS light, il n’y a pas de ligne d’arrivée, à la manière des premières parties de football ou de rugby, où l’en-but pouvait être à l’infini, nous laissant dans la projection d’une règle du jeu encore à définir.